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Muriel Napoli / Artiste Peintre

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Muriel Napoli est une peintre française de talent dont les œuvres ont été exposées aux États-Unis, en Italie et en France. Cherchant à supprimer des éléments de pure superficialité ou d’attrait, elle crée des œuvres abstraites percutantes, caractérisées par une combinaison de couleurs unique, des formes fluides et une sensation saisissante d’espace.

Je suis née en 1969. Autodidacte, je peins depuis l’âge de dix-huit ans. J’ai d’abord reproduit des tableaux de Hopper avant d’oser peindre d’après nature. Des sujets très léchés, des natures mortes, des marines. Plus tard, j’aborderai l’abstraction. Colorée au début, sombre voire monochrome aujourd’hui. Il y a du végétal, dans mes toiles, et beaucoup de minéral. De la roche, qui tombe ou non, du magma, des météorites, des sédiments, des excavations, des extractions, des éruptions, des explosions... En ce qui concerne le végétal, il y a des fleurs, de l’herbe, des arbres. Il y a du vent dans mes toiles ou plutôt des volutes qui s’en échappent. Les éléments y sont maîtres, libres de leur destin. En parallèle, j’aborde depuis peu une autre facture, toujours tellurique, avec des strates, des concrétions.

Peindre est un travail quotidien. Levée tôt, 5 ou 6 heures, je ne décide rien à l’avance. C’est ce qui m’intéresse. Ne jamais savoir ce qui va se produire. Laisser jouer la spontanéité, le hasard. Je peins à l’encre de chine, au fusain et à l’acrylique depuis un an. Non par choix mais par intolérance aux solvants. Finalement, c’est un mal pour un mieux qui m’ouvre d’immenses possibilités. S’il m’arrive encore d’utiliser l’huile, je ne la dilue plus. J’utilise des toiles sur châssis. Après avoir testé tous les formats, j’ai choisi le 90x90. Il m’offre assez d’espace pour m’exprimer quoique facile à manipuler. Le format carré, une question d’équilibre. Je peins avec une brosse ou un couteau. La journée terminée, je ne sais pas toujours ce que vaut mon travail. Parfois, je ne le perçois que bien plus tard, à force de le regarder. Parfois, c’est immédiat. Le plus souvent, ça ne l’est pas. La création en soi est rapide, c’est l’apprécier qui exige du recul. Et, là, le regard de ceux qui m’entourent m’aide énormément. À propos de ma démarche, l’on évoque souvent la peinture chinoise et sa conception cosmologique.

Entretien avec l'Artothèque Antonin Artaud / Extrait

Artothèque Antonin Artaud : Ton travail actuel relève globalement de l’abstraction, mais la figuration semble parfois s’y introduire discrètement. Peux-tu nous éclairer sur ce point ?

 

Muriel Napoli : Je n’ai jamais pour projet a priori de représenter une fleur, par exemple. Je travaille de façon instinctive, je laisse les formes émerger peu à peu. Je pose les toiles à l’horizontale, ce qui me permet de travailler des matières très fluides sans craindre les coulures, et de privilégier des gestes

amples. C’est tout mon corps qui est en mouvement lorsque je peins. Ensuite, effectivement, des identifiables se manifestent parfois, formes qui évoquent souvent le monde végétal. Ce qui se retrouve plus généralement dans mes tableaux, c’est la capacité qu’a la nature de se transformer indépendamment de l’action de l’homme, de l’origine à nos jours. Formation des océans, origine de l’eau sur terre, sédimentation, incendie, magma, formation du charbon, des planètes, accrétion, phénomènes géologiques… J’élimine au maximum tout ce que l’homme a ajouté au monde, toutes les transformations apportées par lui, ce qui est artificiel. Mais le fait de représenter telle ou telle chose n’est jamais un objectif conscient. Le sens de mon œuvre, selon moi, se situe ailleurs que dans la figuration au sens classique du terme.

 

AAA  : Si on te disait que ton travail a une valeur décorative, comme réagirais-tu ?

 

Muriel Napoli : L’idée de décoration est associée à une certaine superficialité, à une séduction immédiate. J’espère que mon œuvre a un impact plus profond. Mon ambition est de conduire le spectateur à penser, à méditer, peut-être à rêver. Il est difficile de le verbaliser, mais disons que pour moi la peinture est une recherche, une tentative pour relier les choses et les êtres au monde, à l’univers. J’essaie de plus en plus d’aller à l’essentiel, d’éliminer ce qui m’apparaît comme superflu, ou trop directement attractif. En tendant vers l’ascèse j’essaie de gagner en puissance, en profondeur.

Galerie

 

Livre

  • À Voix Nue / Colette Thévenet — Couverture & illustrations — Éditions Musimot / 2015

Coordonnées

napolimuriel@free.fr