Musimot

Magie d'Olinda

Couv

Simone Molina

 

Magie d'Olinda

Brésil des temps épars

 

 

À l’ombre des flamboyants
dans les rues, les fazendas
sur les façades colorées
d’une époque révolue
l’histoire se nourrit
de l’aridité de la terre
du sang versé
aux portes des favelas

l’histoire s’enivre
fièvre du carnaval
magie d’Olinda

 

 

En 2011, au lieu d’aller au Viêt-Nam, je décidais de partir au Brésil avec un groupe d’amis français, dont l’écrivain Leslie Kaplan et son mari brésilien. Tous m’avaient convaincue que la beauté sauvage du Brésil valait de me détourner de mon projet asiatique. Je ne l’ai pas regretté. Ils avaient choisi le Nordeste, qu’aucun d’entre nous ne connaissait.

J’écris rarement sur le vif, sinon des notes ou quelques vers qui m’habitent tandis que je marche. Sinon, je fais confiance aux impressions puissantes qui demeurent comme un rêve qui nous suit alors que le jour est advenu. Elles prennent forme verbale sous la plume ou le crayon, au bout des doigts lorsqu’un ordinateur est disponible. Cela peut être dans un café bruyant, ou le soir dans le calme d’une chambre.

Ce texte est né, au Brésil même, de ces impressions puissantes, ces paysages, ces mouvements de foule joyeuse, ces vastes étendues silencieuses, de ces chapelles, de ces couleurs vibrant sous la lumière, de mon étonnement constant… et sans doute de la saveur sucrée de quelques cachaças !

Une partie de ce poème est né aussi de ce qu’un homme, chauffeur du minibus qui nous a accompagné durant ce voyage, a raconté un jour, pudiquement, dans sa langue, et qui se lisait parfois sur son visage : une infinie tristesse, liée au meurtre de sa fille.

C’est à celles et ceux qui m’accompagnent, et à lui particulièrement que ce texte est dédié.

Au retour, j’ai laissé ces poèmes vivre leur vie secrète.

Un jour, une comédienne m’a demandé un texte à lire. Elle avait la pétulance de cette femme rencontrée au carnaval de Jõa Pessoa, qui portait une tunique où étaient inscrits ces mots : Frida Kahlo / Frida não calou. J’ai alors exhumé mes notes, les poèmes rapportés, et ai construit ce long poème : Magie d’Olinda, Brésil des temps épars. Il a été lu par Michèle Sébastia en 2015 pour une soirée unique dans la région d’Aix-en Provence.

Plus tard, alors que l’on fêtait la Journée Internationale des droits des femmes, j’ai été sollicitée pour une lecture. J’ai imaginé lire ce texte avec une musicienne, Sylvie Paz-Aniorte. Je l’avais rencontrée lors d’une précédente lecture en soutien à Asli Erdogan, écrivaine turque représentative du combat pour la liberté d’expression et de la littérature ; c’était sur la Scène nationale de Cavaillon quelques mois auparavant en janvier 2017.

Ainsi est né le spectacle musical intitulé Magie d’Olinda - Brésil des temps épars. Il comporte une première partie avec des poèmes inédits et d’autres tirés du recueil Voile Blanche sur fond d’écran, et cette seconde partie qui raconte ce voyage brésilien qui va de Récife, à Joa-Pessa, Olinda, Tamandaré et retour vers l’Europe. Ce spectacle a été joué à plusieurs reprises, à Velleron, au Centre d’Art de Isle sur la Sorgue, à la Médiathèque de Cavaillon et à Gap récemment début 2019.

J’ai coutume de mettre à l’épreuve du dire et de l’écoute mes textes poétiques. S’ils laissent de l’espace aux auditeurs, s’ils créent des images qui dépassent le poème, alors c’est qu’ils sont en phase avec ce qui caractérise la poésie depuis l’origine : la musicalité et le hors temps du poème.

Aussi, que ce poème soit publié, est un autre pas vers son élargissement…

Simone Molina, 8 février 2019

 

Couverture et illustrations : Création graphique © Monique Lucchini
Magie d'Olinda — © Coll. Textes courts / poésie, Éditions Musimot / 2019
13 cm X 21 cm / 20 pages — ISBN 979-10-90536-35-7 — Prix : 8 € 

 

Extrait à lire / Lecture