Florence peint de tout son être, cœur et tripes mêlés. Lorsqu’à ses yeux une œuvre est achevée, elle se sent vidée, exténuée, comme si tout ce qui cherchait à s’exprimer s’était entièrement déversé. Je ne l’ai pas vue faire, j’ai seulement goûté les fruits visibles de son travail : des encres charriant des liquides intimes – une sève de sang, de sueur ou de larmes, des rivières ferventes.
Alors, j’ai éprouvé l’envie de composer des poèmes, qui cherchaient leur chemin dans cette oscillation du noir au blanc, d’un bord à l’autre des couleurs, du repli à l’éclat.
Tout naturellement, des échos se sont formés entre mon propre monde et cet espace visuel. Ce livre est le reflet d’une entente, au sens premier du terme. Oui, j’ai aimé me pencher sur Le sceau du secret en écoutant les Nouvelles du pays de Florence afin de m’immerger dans la marée du souffle qui me manquait. J’ai creusé les sillons de ma peau pour mieux entendre sa ritournelle, qui me semblait répondre à mes obsessions, mes leitmotivs. J’ai laissé murmurer sur ma page ses visages de l’ombre et la ronde universelle qui tournoie dans ses encres. J’ai tenté d’entrer en résonance avec la vibration de sa leçon de choses, De natura rerum, nature insaisissable, circulation vivante.
Sabine Dewulf