Dans la chambre tes bras est d’abord un texte de voix. Voix plurielles, en delta, se superposant, par impressions-surimpressions, comme le soulignent les parenthèses. Voix qui remontent vers la même source, canalisée par l’écriture, la forme du poème, qui tend à rassembler l’abondance d’émotions et d’images qu’il a charriées en chemin. Voix familière, susurrée de l’amante, qui est un monde à elle seule. Voix lointaines, fondues-enchaînées dans le paysage, où elles murmurent au milieu des montagnes d’où sont descendus les aïeuls, où remontent des souvenirs d’enfance, vécus ou fantasmés.
Dans la chambre tes bras peut aussi être lu comme un bain de langue, un bain de jouvence qu’est chaque poème naissant, sans cesse recommençant l’écriture, remettant en question le peu de certitudes acquises d’une page à l’autre. Le paysage apporte son lexique, le corps de l’amante sa syntaxe, ses torsions et ses contorsions. Chaque nouvelle saison réinvente les contours de la montagne, les courbes de l’amour. L’univers nous donne rendez-vous dans l’étreinte. La nature frémit entre les doigts de la femme. Elle respire entre ses seins où les cours d’eau rafraîchissent la parole, agrandissent la vie.
Romain Fustier